Né à Roubaix où il sera prêtre en monde ouvrier pendant une quinzaine d'années, il avait été nommé évêque auxiliaire de Lille avant de partir pour l'évêché d'Ajaccio en 2004. Une personnalité qui a marqué ici.

 

Fils d'un ouvrier textile, Jean-Luc Brunin est un pur produit du terreau roubaisien. Études primaires et secondaires chez les frères maristes de Roubaix, une ville où il reviendra après ses études au séminaire. Ordonné prêtre en 1981, Jean-Luc Brunin va passer une quinzaine d'années comme prêtre en monde ouvrier dans le secteur sud de Roubaix. Pendant quelques années, il sera même coordonnateur de la Mission ouvrière sur tout le secteur.
On se souvient l'avoir souvent rencontré dans les quartiers où la vie est plus difficile qu'ailleurs. Et, au début des années 90, lors d'émeutes urbaines sur Hem, il avait su parler, sans concessions ni démagogie tant aux jeunes qu'aux politiques. Un curé de terrain, où il va s'intéresser de près à l'islam, et s'engager résolument dans un dialogue constructif avec les musulmans.

Du terrain aux salles de classe du séminaire, il fait des allers-retours, se nourrissant de ces terreaux apparemment contradictoires. Il nous avait confié son petit déchirement de quitter ses terres roubaisiennes quand il a pris la direction du séminaire interdiocésain à partir de 1995.
Il parlait non sans humour de sa montée dans la « hiérarchie » catholique, symbolisée par sa nomination comme évêque auxiliaire de Lille en avril 2000.
En 2004, Jean-Luc Brunin quitte le continent pour la Corse. À la tête de l'évêché d'Ajaccio, il ne va pas se laisser endormir par la chaleur ambiante... Il s'aperçoit vite de pratiques pour le moins douteuses au sein même de l'évêché d'Ajaccio. Il s'attaque à mettre de l'ordre dans les finances du diocèse, ce qui ne lui vaudra pas que des amitiés indéfectibles... L'affaire ira d'ailleurs loin puisque Jean-Luc Brunin ne se contente pas de faire le ménage en interne. Il tient bon et saisit le procureur de la République. L'économe de l'association diocésaine sera d'ailleurs traduit en justice et condamné.
En juillet 2010, quand Nicolas Sarkozy annonce son intention de démanteler les camps de Roms, de déchoir de leur nationalité les Français « d'origine étrangère » qui porteraient atteinte à la vie des forces de l'ordre, il choque profondément l'épiscopat français. Jean-Luc Brunin sera de ceux qui dénonceront publiquement « l'amalgame » opéré entre « insécurité et immigration ». Dans le journal La vie , il déclarait alors : « Je regrette que les propos du président de la République puissent casser le travail de terrain fourni au quotidien dans les quartiers pluriethniques pour permettre aux gens d'acquérir la conscience d'une communauté de destin. Le bien, lui, ne fait pas de bruit. Stigmatiser les gens du voyage, les immigrés, faire des clivages et des catégories, précariser la citoyenneté, c'est cela qui génère de l'insécurité »

 

FLORENCE TRAULLÉ  

 

L’article de Nord Eclair

 

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