Paradis Fiscaux

 « Au service du bien commun » est un document signé par quatre mouvements et services d'Eglise. A l'approche du G20 de Cannes présidé par la France, le CCFD-Terre Solidaire, le Secours catholique - Caritas France, Justice et Paix- France et le CERAS appellent les chrétiens à s'informer et se mobiliser contre les paradis fiscaux, « au nom de leur foi », pour plus de justice fiscale.

 

Que les chrétiens s'intéressent au paradis ne surprendra personne... mais les paradis fiscaux ! C'est la doctrine sociale de l'Eglise qui motive la démarche commune aux quatre mouvements et services d'Eglise engagés dans la justice sociale, la solidarité et le développement.

Présenté le 15 septembre 2011 par Denis Vienot (Secrétaire général de Justice et Paix - France), Guy Aurenche (Président du CCFD-Terre Solidaire), François Soulage (Président du Secours Catholique - Caritas France) et le P. Bertrand Hériard Dubreuil, s.j., (Directeur du Ceras), « Au service du bien commun » s'inscrit dans la suite de « Chemins de fraternité », document pédagogique sur Caritas in Veritate (2009),
encyclique du pape Benoît XVI.
 

Lettre solennelle du Pape adressée à l'Eglise catholique.

Plus qu'un coup médiatique, un combat évangélique

 

« Vous ne pouvez pas servir Dieu et l'Argent » dit Jésus (Luc 16, 13). Les chrétiens auraient donc un problème avec l'argent ? « Nous ne sommes pas ennemis de la finance » assure Guy Aurenche, Président du CCFD-Terre Solidaire. Il estime d'ailleurs que, loin d'être réservée aux seuls spécialistes, la question des paradis fiscaux concerne chaque citoyen et doit être portée dans la rue, auprès des députés, jusque dans les urnes. Et l'ancien avocat de plaider : « Ca peut marcher : c'est le moment ». Car si personne ne peut se réjouir de la crise, elle nous invite de façon pressante au « dépassement et à la reconstruction ». En 2008, une pétition n'a-t-elle pas permis de mettre en cause Andorre et Monaco comme paradis fiscaux par le Président de la République française ? A l'approche du G20 présidé par la France (Cannes, 3-5 novembre 2011), Guy Aurenche annonce une mobilisation « critique, tenace et répétitive ».
 

L'enfer des paradis fiscaux

 

Impôt inexistant ou insignifiant, absence de transparence, législation qui protège les contribuables font partie des caractéristiques des 12 paradis fiscaux listés par l'OCDE. François Soulage, Président du Secours Catholique - Caritas France, donne en exemple les Iles Vierges britanniques : 830.000 sociétés sont enregistrées sur ce territoire qui compte seulement 25.000 habitants. « Ce sont 125 milliards d'euros d'argent public qui ne sont pas disponibles pour le développement » dénonce l'économiste. Puisque l'aide publique au développement se réduit comme une peau de chagrin, « il faut aller chercher les ressources là où elles existent ».
 

La pensée sociale de l'Eglise pour guide

 

« En organisant le contournement de nos lois, les paradis fiscaux défient nos démocraties » explique le livret. L'enjeu est bien citoyen. A ceux qui voudraient cantonner la foi chrétienne dans la sphère privée, le P. Bertrand Hériard Dubreuil, s.j., Directeur du Ceras, rappelle trois bonnes raisons pour les croyants de s'engager dans ce débat : le bien commun, l'option préférentielle pour les pauvres et « la destination universelle des biens ». Ainsi, payer ses impôts relève d'une responsabilité éthique qui nécessite l'implication de tous. « Instrument au service de la solidarité », l'impôt contribue à « la construction du lien social et de la démocratie » explicite la plaquette. En ne bénéficiant qu'à certains, les paradis fiscaux viennent contredire la conviction que « Dieu a destiné la terre (...) à l'usage de tous les hommes et de tous les peuples » (Concile Vatican II, Gaudium et Spes, 69). Le jésuite cite aussi l'encyclique de Paul VI Populorum Progressio qui appelle à « permettre à tous les peuples de devenir eux-mêmes les artisans de leur destin ».
 

Lettre solennelle du Pape adressée à l'Eglise catholique.Concile oecuménique ouvert par le pape Jean XXIII qui réunit à Rome tous les évêques du monde.

Les paradis fiscaux, la nouvelle dette

 

On se souvient de l'appel du pape Jean-Paul II pour l'annulation de la dette lors du passage au nouveau millénaire. Pour Denis Vienot, Secrétaire général de Justice et Paix - France, l'enjeu est comparable. En effet, le FMI évalue entre 600 et 1800 milliards de dollars - du simple au triple ! - l'argent généré par les activités illégales qui prospèrent grâce aux paradis fiscaux : trafic d'armes et d'organes, marché de la contrefaçon, pillage organisé du bois... Il fait sienne la révolte d'une certaine juge franco-norvégienne il y a quelques années : « Il n'est pas acceptable que l'addition de la corruption soit payée par les pauvres ».

En écho au G20, les organisateurs promettent des « critiques constructives » et de nouvelles prises de position pendant la campagne présidentielle, notamment sur les migrations et la lutte contre la pauvreté. « Il y a des solutions possibles » affirment-ils.

Un outil pédagogique à destination des communautés chrétiennes

Tirée à 55.000 exemplaires, la brochure de 13 pages - téléchargeable depuis les sites des quatre partenaires - veut informer puis renvoyer chacun à ses pratiques au quotidien.
Des actions sont prévues prochainement comme la reprise de la campagne «
Aidons l'argent » avec la remise officielle des cartes postales au Président Nicolas Sarkozy (27 octobre) et un « Alter-sommet » à Nice (31 octobre- 3 novembre), en amont du G20 de Cannes (3-5 novembre). Au programme : marche des mouvements, ONGs et autres syndicats présents, conférences, tables rondes et actions de rue pour interagir avec les citoyens.

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