EN IRAK COMME EN SYRIE, RÉFUGIÉS ET DÉPLACÉS SE COMPTENT PAR MILLIONS
31 août 2014Plus de trois millions de Syriens ont fui leur pays ravagé par la guerre, de plus en plus compliquée, plus de trois ans après avoir éclaté. Les combats, à l’origine entre les forces du régime et les insurgés, se sont doublés d’affrontements entre rebelles et jihadistes de l’Etat islamique (EI), ces derniers se battant également depuis quelques semaines contre les forces gouvernementales. Le conflit a fait plus de 180 000 morts selon une ONG syrienne, l’Onu avançant le chiffre de 191 000. Le nombre de réfugiés a dépassé lui les trois millions, dont un million en 2013, a indiqué le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR). Outre les réfugiés, 6,5 millions de personnes ont été déplacées, ce qui signifie que près de 50% des Syriens ont été contraints de fuir leurs foyers, a souligné le HCR. « La crise syrienne est devenue la plus grande urgence humanitaire de notre époque », affirme le HCR, parlant de « villes où la population est encerclée », de gens « affamés » et de « civils pris pour cibles ou tués sans discrimination ».
Angelina Jolie s’émeut
L’actrice américaine et ambassadrice de bonne volonté du HCR, Angelina Jolie, s’est émue dans un communiqué du nombre croissant de réfugiés, « un signe sans appel » selon elle « de l’échec collectif pour mettre fin à la guerre ».
Sur le terrain, l’armée syrienne a mené des bombardements intenses sur le quartier de Jobar, dans l’est de Damas, tenu par les rebelles depuis un an. « Le régime utilise son artillerie, ses avions et des missiles sol-sol de fabrication iranienne. C’est d’une violence inouïe », a affirmé Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). « Un grand nombre de terroristes ont péri, leurs repaires et des tunnels ont été détruits », a indiqué une source de sécurité. La reprise de Jobar est cruciale pour le régime car si les rebelles parviennent à franchir la place des Abbassides adjacente, ils peuvent atteindre le cœur de Damas. En outre, ce secteur ouvre du côté est sur la région de la Ghouta orientale, véritable bastion de la rébellion dans la province de Damas.
Plus de 1,5 million de déplacés en Irak
Chez le voisin irakien, une offensive lancée le 9 juin par l’EI a permis à ce groupe de conquérir de vastes territoires, poussant aussi à la fuite de centaines de milliers de personnes. Selon l’Organisation internationale des migrations (OIM), plus de 1,6 million d’Irakiens ont ainsi été déplacés cette année par les violences, dont 850 000 durant le seul mois d’août.
Alors que le secrétaire général de l’Onu Ban Ki-moon a dénoncé « les massacres de civils » par l’EI dans le nord de l’Irak, le groupe a diffusé une vidéo sur la décapitation d’un combattant kurde dans cette région, avertissant que d’autres exécutions auraient lieu si les Kurdes poursuivaient leur coopération avec les Etats-Unis.
Par ailleurs, l’armée irakienne a mené des raids aériens contre l’EI qui encercle la ville chiite turcomane d’Amerli, au nord de Bagdad, alors que les forces de sécurité au sol se préparent à lancer un important assaut, selon des officiers. De même, des avions de combat américains ont lancé ces dernières 24 heures quatre nouvelles frappes près du barrage de Mossoul, qui ont détruit quatre véhicules armés de l’EI, gravement endommagé un autre véhicule armé, et détruit trois véhicules de soutien, selon un communiqué du commandement militaire américain qui couvre le Moyen-Orient et l’Asie centrale (Centcom). Depuis le 8 août les Etats-Unis ont lancé 110 frappes aériennes contre les insurgés, principalement près du barrage de Mossoul, a précisé hier le Centcom. Les Etats-Unis ont aussi déployé 865 soldats en Irak pour protéger leur personnel et conseiller l’armée irakienne après que l’EI a lancé une offensive fulgurante le 9 juin, s’emparant de larges pans du territoire irakien. Ces opérations ont coûté depuis la mi-juin « environ 7,5 millions de dollars par jour », a indiqué lors de son point de presse le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby. Elles sont financées par le budget dédié aux interventions militaires à l’étranger, dominées par l’Irak et l’Afghanistan, le « overseas contingency funding », a-t-il précisé.
Enfin, les Etats-Unis n’envisagent pas de relever leur niveau d’alerte terroriste après une décision en ce sens du Royaume-Uni, face à la menace liée à la situation en Syrie et en Irak, a annoncé hier la Maison Blanche. De son côté, le ministre de la Sécurité intérieure, Jeh Johnson, a souligné dans un communiqué que ni son ministère ni le FBI n’avaient à ce jour « connaissance d’une menace spécifique et crédible de l’Etat islamique sur le sol américain ».
Dimanche 31 août 2014