Les aumôniers sont présents pour apporter un soutien spirituel aux policiers. VOISIN/Phanie

Les aumôniers sont présents pour apporter un soutien spirituel aux policiers. VOISIN/Phanie

Des représentants de cinq cultes sont affectés à la préfecture de police de Paris depuis le traumatisme des attentats du Bataclan.

 

RELIGION La mesure est sans doute passée inaperçue, y compris au sein même des services de la police, mais elle est bien réelle. Depuis avril 2016, les 46 000 membres du personnel de la préfecture de police de Paris peuvent consulter un aumônier des cinq cultes principaux pratiqués en France (catholique, musulman, juif, protestant et orthodoxe). Une affiche doit même être apposée dans les commissariats de Paris et des départements de la petite couronne. Intitulée « Des aumôniers à votre disposition », elle contient la photo des cinq représentants des cultes, leurs coordonnées téléphoniques et leur adresse mail. « Des aumôniers [...] peuvent vous apporter un soutien spirituel, notamment si vous êtes confronté à un événement grave ou à une épreuve difficile dans votre vie personnelle ou professionnelle. » Un service mis en place par le préfet de police de l'époque, Michel Cadot, et son directeur de cabinet, Patrice Latron, à la demande de policiers traumatisés par les scènes d'horreur qu'ils avaient vécues, au Bataclan, notamment, en novembre 2015. « Cela existait déjà pour la gendarmerie, l'armée et les pompiers, il paraissait normal de mettre en place ce service également pour la police », note Olivier Risnes, aumônier protestant.

« Excepté le prêtre catholique, nous sommes déjà tous aumôniers à la gendarmerie », précise Moïse Lewin, représentant du culte juif depuis deux décennies au sein de la gendarmerie. « Nous comblons un vide. Au-delà des attentats, des personnels ressentaient le besoin d'aborder sous l'angle de la spiritualité des questions relatives à leur travail ou à leur vie personnelle », poursuit le rabbin. « Le métier de policier est devenu très dur eu égard au nombre de suicides dans la profession, la plus affectée après celle d'agriculteur, ajoute le père Denis Chautard, aumônier catholique. Je note un besoin des personnes de pouvoir parler et exprimer leurs souffrances. »

Parfois, les demandes sont plus inattendues. « J'ai reçu un coup de fil d'une diplomate qui s'était fait voler ses papiers et qui avait besoin d'être rassurée, elle avait vu l'affiche dans un commissariat, explique l'aumônier orthodoxe Jean-Paul Lefebvre-Filleau, recteur de la paroisse Sainte Catherine d'Alexandrie à Vernon. Un policier catholique qui fréquentait une orthodoxe voulait avoir des renseignements pour organiser son mariage. J'ai reçu aussi des nouveaux venus de Roumanie intégrés dans la Bac après être passés dans la Légion étrangère. »

Pour accomplir leur mission, des moyens matériels sont mis à la disposition de ces représentants du culte, comme un local pour recevoir les personnes qui en font la demande. Il est situé en plein cœur de Paris, sur l'île Saint-Louis. Par ailleurs, les aumôniers bénéficient d'un laissez-passer pour entrer dans les commissariats parisiens. Mais pour en arriver là, ils ont dû être agréés conjointement par le ministère de l'Intérieur et l'autorité cultuelle dont ils dépendent, après enquête de moralité.

Toutefois, la perception des aumôniers n'est pas toujours bien comprise au sein des services de la police. « Nous ne sommes pas en concurrence avec les organisations syndicales ni avec le personnel soignant, comme les psychologues ou les assistances sociales, précise Olivier Risnes. Nous proposons quelque chose de différent. Cela se fait par des temps d'échange individuel ou lors de groupes de parole ou encore de temps de prières. »

« Nous organisons une messe par an à la mi-novembre pour fêter le saint patron des policiers, saint Martin, ou pendant l'année dans la paroisse du Saint-Esprit dans le Xlle arrondissement », ajoute le père Denis Chautard. Par ailleurs, les aumôniers aimeraient être plus visibles. « Nous aimerions pouvoir communiquer davantage en interne pour que les personnels qui le souhaitent puissent nous rencontrer », constate Olivier Risnes. En attendant, ce service d'aumônerie pourrait s'étendre aux commissariats de Marseille !

 

ERIC DE LA CHESNAIS

 

LE FIGARO

 

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