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Il y avait deux manières de vivre la soirée du mardi 31 octobre, à sainte Clotilde, paroisse du 7e arrondissement parisien. De l’extérieur, c’est-à-dire sur le parvis de l’église, tenu par quelques militants du mariage homosexuel, dont deux femmes, habillées en mariées. Pour eux, tonnent-ils, il y a là sujet à scandale : « Monsieur » Vingt-Trois a « convoqué » les parlementaires à une messe contre le mariage homosexuel, en dehors de tout respect de la laïcité.

D’ailleurs, nombre de nouveaux députés, peu au courant des coutumes du Parlement, auraient, disent-ils, été très choqués par cette convocation à une messe. En plus, elle a lieu juste avant la présentation par le gouvernement du projet de loi sur le « mariage pour tous ». Enfin, « Monsieur Vingt-Trois » profite de cette tribune pour lire un texte qui donne la « vision rétrograde » du mariage de l’Église, à savoir que la femme doit être soumise au mari. Voilà donc, pour ces militants, la mise en oeuvre d’une stratégie redoutable contre le projet de mariage pour tous, preuve, une nouvelle fois, de l’intolérance de l’Église catholique.

« Lettre de saint Paul aux Éphésiens »

On pouvait aussi vivre la soirée du dedans : comme chaque année, le Service Pastoral d’Études Politiques, dont l’existence remonte à 1992 propose aux parlementaires qui le souhaitent – qui, pour parlementaires, n’en sont pas moins hommes aux yeux de l’Église- , une messe de rentrée. Comme chaque fois encore, c’est l’archevêque de Paris, le cardinal André Vingt-Trois, qui préside la célébration. Cette messe de rentrée a eu lieu cette année le 31 octobre, parce que le cardinal a été retenu à Rome trois semaines, pour cause de synode.

Quant à la lecture du texte de saint Paul, sur les relations entre les époux, c’était tout simplement la lecture prévue par l’Église catholique, lue dans les paroisses du monde entier – et même là où on ne sait pas ce que signifie le « mariage pour tous » ! – ce mardi de la trentième semaine du temps ordinaire, extraite de la lettre de saint Paul aux Éphésiens. Et si le texte demande effectivement à la femme d’être soumises à son mari, il dispose un peu loin que l’homme aussi, doit aimer sa femme « comme son propre corps », et, comme l’a assez justement noté Mgr Vingt-Trois, en la matière, les hommes ont aujourd’hui encore, plus à faire que les femmes pour y arriver…

Pour autant, il faut bien dire que, stratégie préméditée ou simple hasard – on pourrait presque dire providence ! – le texte du jour tombait bien. Il a permis au cardinal Vingt-Trois de rappeler que l’Église avait sans doute proposé à travers ce texte un chemin de conjugalité qui pouvait présenter un certain intérêt face aux situations humaines. Et de dire aux hommes politiques présents que « dans la vie politique, il y a des enjeux pour lesquels c’est à la conscience personnelle d’exercer ses choix avec liberté et courage », le texte sur le mariage homosexuel, qui « engage la vie personnelle des citoyens » en étant un.

Dans cette soirée à double faces, on ne peut donc regretter qu’une chose : que les personnes sur le parvis n’aient pas voulu entrer dans l’église pour écouter. Ou bien, que les textes et l’homélie lus à l’intérieur de l’église n’aient pu être entendus sur le parvis. Bref, que l’extérieur et l’intérieur de sainte Clotilde, ce soir-là, ne soient pas parvenus à dialoguer ensemble.

Isabelle de Gaulmyn

 

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