L’Église congolaise inquiète pour les prochaines élections en République Démocratique du Congo
24 oct. 2011
Des représentants de la Commission Justice et paix, partenaires congolais du Secours Catholique effectuent une tournée européenne afin d’alerter les gouvernements sur les risques de dérapages au cours des prochaines élections en République Démocratique du Congo prévues le 28 novembre 2011.
Une délégation congolaise composée principalement de représentants de la conférence épiscopale de la République Démocratique du Congo et de la Commission Justice et Paix, se trouvent en Europe jusqu’au 24 octobre. Objectif, rencontrer des représentants de gouvernements afin de les avertir du manque de préparation des futures élections congolaises prévues le 28 novembre prochain, et des conséquences qui pourraient en découler.
Mgr Fridolin Ambongo, président de la Commission Justice et Paix, ainsi que Sœur Marie-Bernard, secrétaire générale de cette même commission partenaire du Secours Catholique, ont tenu à souligner la nécessité pour les gouvernements européens de faire pression auprès de la classe politique congolaise. « Aujourd’hui, chaque camp parie sur la victoire, explique Mgr Ambongo, et nous redoutons un scénario à l’ivoirienne. »
De fait, la précampagne électorale a été marquée par plusieurs incidents qui n’augurent rien de bon sur l’issue de cette confrontation par les urnes. Des permanences électorales ont été incendiées, ainsi que les locaux d’une chaîne de télévision de l’opposition. Certaines manifestations se sont terminées en affrontements avec la police.
Kris Berwouts, directeur d’Eurac, réseau d’ONG européennes centrées sur la région des Grands Lacs, partage cette préoccupation. Lui aussi se demande si le gouvernement congolais pourra gérer le potentiel de violences liées aux élections et dans quelle mesure ces dernières pourront s’effectuer de manière transparente.
En accord avec Sœur Marie Bernard, Kris Berwouts estime que les élections locales qui se dérouleront simultanément sont au moins aussi importantes que les élections présidentielles et législatives. Il insiste également sur la nécessité d’un nombre suffisant d’observateurs bien formés pour garantir la bonne tenue des élections et des résultats incontestables.
Autre condition indispensable, l’assurance que les représentants de la société civile et les medias ne seront pas empêchés de travailler correctement, alors même qu’ils font déjà l’objet d’intimidations plus lourdes les unes que les autres.
C’est pourquoi les représentants de la société civile congolaise demandent la mise en place rapide d’un mécanisme de consultation entre toutes les parties prenantes, depuis la Commission électorale nationale indépendante (CENI) jusqu’aux différents partis politiques en lice, en passant par le gouvernement congolais et les ambassades des pays européens qui participent à l’observation de ces élections.
« Nous ne demandons pas un report des élections, mais la mise en place d’un cadre afin de décider, si les conditions de transparence ne sont pas réunies, de les reporter au terme d’un consensus. Nous souhaitons une implication plus politique des gouvernements européens dans cette affaire, » insiste Mgr Ambongo.