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Apprentis d’Auteuil est né il y a 145 ans pour répondre aux difficultés de la fin du 19ème siècle : s’occuper des orphelins. Au fil des ans, les pratiques éducatives et le travail social en direction des familles ont évolué : de la substitution parentale à la suppléance ; de la suppléance à la co-éducation.

Quelle place pour les familles dans le travail social auprès des enfants ?

Tout a commencé par une lettre envoyée à un père incarcéré, dont nous accueillions l’enfant. À ce père, nous envoyions le bulletin de notes de son fils, lui demandant son avis sur nos propositions d’orientation scolaire. La réponse nous a à la fois surpris et bouleversés : ce père nous répondait combien notre démarche l’avait ému aux larmes : « Vous m’avez rétabli dans ma dignité de père. » Tout un pan de sa vie lui était rendu par ce simple courrier d’information, celui de sa responsabilité paternelle.

95 % des enfants accueillis chez nous retournent dans leur famille, après un temps de placement plus ou moins long. Cette statistique nous a convaincus de l’urgente nécessité de travailler ce retour. Les visites avec un tiers médiateur se sont développées, de nouvelles prestations ont vu le jour : un centre maternel, un immeuble social, des lieux où exercer son droit de visite ou d’hébergement, accueil éducatif en milieu familial…

Cependant, pas d’angélisme ou de naïveté. Nous savons que la route est longue. Que la tension de notre métier réside dans cet équilibre à maintenir entre l’intérêt de l’enfant et la place de ses parents. La réalité des souffrances doit être prise en compte. Pas à pas, il nous faut accompagner, soutenir les parents dans la tâche qui leur incombe, sans se substituer à eux, sans leur ravir leur place légitime.

Même en dehors de toute mesure de placement, les besoins sont immenses. Il existe comme une injonction contradictoire envoyée par la société : d’une part une forte attente dans la qualité d’éducation, l’exigence d’être un « bon parent », d’autre part des conditions de vie et de travail telles qu’elles rendent les parents incapables d’exercer leur rôle.

Souvent c’est un cri qu’ils viennent nous lancer, désemparés : « je n’y arrive plus » « je ne sais plus quoi faire ». Je me souviens de cette mère seule, nous suppliant de prendre son enfant de 13 ans en internat parce que « à la maison ce n’est plus possible », parce que « plus aucun collège ne veut de lui ».

Les familles ont besoin d’être accompagnées, soutenues et protégées dans leur rôle éducatif. Avec d’autres nous prenons notre part dans cette mission, en particulier auprès des plus fragiles et des plus en difficulté.

Au panthéon des rêves de la jeunesse, celui de la famille arrive en tout premier. Par-delà sa mission, nous devons porter ces valeurs familiales qui vont nourrir le jeune, l’aider à se construire, apporter des repères. Un travail de longue haleine qui trouve sa meilleure récompense dans le bonheur de voir, parfois des années plus tard, ce jeune dont nous nous rappelons le parcours chaotique, revenir dans l’établissement, fier de nous présenter sa famille et nous parler de son métier.

François Content est marié, père de 7 enfants et directeur général des Apprentis d’Auteuil depuis 1997.

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