L'évêque de Saint-Étienne, Mgr Dominique Lebrun, soutient un prêtre qui héberge des demandeurs d'asile
01 juin 2014Le P. Gérard Riffard, accusé d'avoir enfreint un arrêté pris par la municipalité de Saint-Étienne interdisant tout hébergement dans les locaux de l'église Sainte-Claire pour raisons de sécurité, doit comparaître le mercredi 11 juin devant le tribunal de police.
Dans un communiqué publié, mercredi 28 mai, Mgr Dominique Lebrun, évêque de Saint-Étienne, lui apporte son soutien.
Depuis de nombreuses années, des demandeurs d'asile africains arrivent à Saint-Étienne. L'association Anticyclone, créée il y a 13 ans, soutenue par le diocèse de Saint-Étienne et présidée par le P. Gérard Riffard, membre du collectif « Pour que personne ne dorme à la rue », les accueille, les accompagne dans leur dossier de demande d'asile, tout en organisant un certain nombre d'ateliers pour faciliter leur intégration.
En 2007, alors que le délit de solidarité de 2005, abrogé en décembre 2012f était en vigueur, elle a également commencé à accueillir dans les locaux de l'église Sainte-Claire, dans le quartier Montreynaud, d'abord des mineurs isolés dont l'âge était contesté, puis des familles avec des jeunes enfants, parfois envoyés par des travailleurs sociaux démunis devant l'incapacité à proposer une place pour la nuit.
Décret de fermeture des locaux et poursuites pénales
En août 2012, les lieux, propriété de l'association diocésaine de Saint-Étienne, ont été contrôlés par la commission municipale de sécurité. Un avis défavorable a alors été émis pour toute activité d'hébergement. Anticylone a contesté la décision et accepté de prendre des mesures permettant de poursuivre l'accueil, avec l'espoir de parvenir à un accord. En février 2013, l'arrêt de fermeture, confirmé, a été ainsi justifié : « L'accueil pour le sommeil n'est pas une utilisation normale des locaux de l'Église. »
Anticyclone n'a cependant pas renvoyé à la rue les personnes qu'elle hébergeait, et qui sont elles-mêmes membres actifs de l'Association.
En septembre 2013, les membres du conseil d'administration ont été convoqués au commissariat de police, à la demande du procureur de la République. Le 1er avril 2014, la convocation au Tribunal de police a été remise au P. Riffard.
Accueillir au nom de l'Evangile
« Nous comprenons qu'une municipalité fasse son travail quant aux règles de sécurité des locaux recevant du public, explique celui-ci. Nous savons que la Préfecture héberge les demandeurs d'asile en ayant du mal à gérer les flux et en manquant parfois de moyens (...) La Préfecture n'héberge plus, au titre de l'urgence, celles et ceux qui sont déboutés... Or les choses ne sont pas si simples... » « Comment passer de la confrontation à un travail commun entre les autorités responsables et les associations ? » interroge-t-il.
Dans son communiqué de presse, Mgr Dominique Lebrun s'interroge lui aussi : « Que doit faire un prêtre, un chrétien : laisser des personnes à l'insécurité de la rue ou bien leur ouvrir sa modeste porte ? (...) Notre société dit qu'elle ne peut pas prendre en charge toute la misère du monde. Doit-elle, pour autant, interdire de faire du bien ?'Tu aimeras ton prochain comme toi-même... et moi, je vous le dis, aimez vos ennemis": ce sont deux paroles de JÉSUS qui constituent la loi suprême que nous proposons à la société, et que nous voulons essayer de vivre »
Déjà, en mai 2013, à l'occasion d'une visite pastorale à la paroisse Saint-Vincent-de-Paul, dont dépend le quartier de Montreynaud, il avait apporté son soutien au prêtre. « Volontairement, nous ne transformons pas l'église Sainte-Claire de Montreynaud en centre d'accueil, affirmait-il dans un communiqué. L'accueil est précaire, très précaire, sauf dans nos cœurs. »
Martine de Sauto