Hollande

Après plusieurs semaines de débats, parfois fort animés, à l’occasion de la présidentielle, un calme précaire règne dans les médias, sur les sites et chez les blogueurs chrétiens. C’est sans aucun doute la trêve avant la reprise des débats en vue des législatives en juin. C’est aussi le moment, après les joutes partisanes, de réfléchir aux enjeux fondamentaux de la politique, voire de prier, comme certains prêtres blogueurs le suggèrent.

L’ÉMISSION

Les vrais enjeux face aux populismes : Le débat œcuménique de la semaine sur Radio Notre-Dame, vendredi 11 mai, a permis un retour aux enjeux fondamentaux de la politique en France et en Europe : l’emploi, l’économie, les déficits. Il a aussi été question des populismes, à l’extrême-droite mais aussi à l'extrême-gauche, qui ne cessent de monter, en France comme ailleurs. Face à la tentation d’accuser Bruxelles de tous les maux, Jean-Pierre Denis, directeur de la rédaction deLa Vie, a plaidé pour une analyse plus fine : "La situation en France n’est pas la même qu’en Grèce, qui connaît une crise économique d’une ampleur inédite. Du coup, le vote des extrêmes en Grèce ne s’explique pas de la même manière qu’en France, où nous avons des problèmes qui ne sont pas uniquement liés à l’économie." Les autres participants au débat, Victor Loupan du Messager orthodoxe et Paul Ohlott, responsable du site actu-chrétienne.net, ont critiqué l’Union européenne pour son incapacité à gérer la crise économique. Tout le monde était d’accord sur l’idée que le projet européen doit être clarifié et davantage mis en avant. Les participants ont aussi analysé le vote à la présidentielle des catholiques, majoritairement à droite, et des musulmans, massivement pour François Hollande.

LE SITE

Prier pour François Hollande : Et demain ? C’est le titre d’un article de Padreblog, le site de trois prêtres : les abbés Grosjean, Amar et Seguin. Les trois s’étaient beaucoup mobilisés pour que les électeurs catholiques s’inspirent des "éléments de discernement" proposés par les évêques. Ils avaient insisté sur le devoir chrétien de défendre la vie, donc de s’opposer à l’euthanasie, une idée défendue par François Hollande. "Nos évêques avaient souligné, explique l’abbé Amar, qu’il y avait dans les promesses du candidat Hollande des sujets d’inquiétude grave : légalisation de l’euthanasie, redéfinition du mariage, remise en cause de la structure familiale... pour ne citer que les principaux." Mais pour l’abbé Amar, pas question d’en faire un combat politique partisan. Se référant à la lettre aux Romains, chapitre 13, "les chrétiens sont aussi des citoyens : loyaux, ils respectent l’autorité légitime", dit l’abbé Amar. Et de poursuivre : "Hier comme aujourd’hui, notre prière accompagne le président de la République. Nous prierons donc pour François Hollande alors qu’il est amené à présider aux destinées de notre pays pour les cinq années qui viennent." Le prêtre précise cette chose importante : " L’Eglise n’est pas dans la critique systématique. Elle n’est pas là pour condamner a priori ou distribuer des notes ; mais pour encourager l’autorité politique dans son service du bien commun." L’abbé Amar explique aussi que les catholiques doivent éviter le piège du messianisme et celui du repli sur soi. 

LE BLOG

Ne pas enfermer l’Eglise dans une logique d’affrontement : Le blogueur catholique René Poujol, journaliste de renom, n’a pas fait mystère de son vote pour François Hollande. Mais, comme il l’explique dans son analyse du deuxième tour et en se référant à notre sondage, "je ne puis ignorer, à l’heure du bilan, qu’une majorité de pratiquants appartenant à ma famille spirituelle, a cru devoir voter contre le candidat socialiste : 79% si l’on en croit un sondage 'sortie des urnes' réalisé pour l’hebdomadaire La Vie". Le journaliste remarque que dès les résultats connus le dimanche 6 mai, "les réseaux sociaux bruissaient déjà d’appels à la mobilisation pour faire obstacle aux réformes sociétales contenues dans le programme du candidat socialiste". Que faire ? Pour René Poujol, qui conteste lui-même les projets de Hollande d’autoriser le mariage gay et l’euthanasie, il ne faut pas se tromper de combat : "Ne prenons pas le risque d’isoler un peu plus notre Eglise de la société française, en l’enfermant dans une logique d’affrontement et de contre-pouvoir. Ne dépensons pas plus d’énergie à dénoncer le mal qu’à nous associer au combat pour le bien. Les Français n’attendent pas des catholiques – à supposer qu’ils en attendent quelque chose… – qu’ils leurs fassent une fois de plus la morale, mais qu’ils marchent fraternellement à leur côté vers plus de justice."

LA RÉFLEXION

Des sondages et du vote des catholiques : Plusieurs sondages ont été réalisés sur le vote des catholiques. Notamment celui que nous avons publié à La Vie avec l’Institut Harris. Ils montrent tous que les pratiquants réguliers votent massivement à droite. Plusieurs blogueurs et commentateurs ont exprimé leurs réserves à l’égard de cette façon de ranger les croyants en catégories. Ainsi Etienne Séguier, journaliste à La Vie. Sur son blog Cultive tes talents, il relativise le côté "rationnel" des électeurs et insiste sur la difficulté d’enfermer les croyants "dans un ou deux critères" : "Dans le secret des urnes, écrit-il, d’autres facteurs entrent en compte : l’intuition, un coup de cœur, notre histoire, nos fidélités anciennes ou plus récentes. Nous sommes construits ainsi. Nous avons la capacité de faire confiance, de croire en d’autres personnes imparfaites, limitées." Etienne Séguier insiste sur "la démarche de Jésus" : "il y a cette question du souffle que nous nous apprêtons à célébrer à la Pentecôte. Il souffle partout, nous ne savons pas ni d’où il vient, ni où il va. Nous ne pouvons mettre la main dessus. Selon ce que je lis dans la Bible, nous serions un mélange d’argile et de souffle. L’argile pour donner de la consistance à notre existence, faite de choix, de ténacité, le souffle pour laisser de l’inattendu advenir." Eh oui, une élection présente assurément des enjeux spirituels, mais pas seulement, voire pas du tout là où on les attend !

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Henrik Lindell 

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