Homélie du dimanche 8 janvier 2017, fête de l’Epiphanie

Avant de lire l’Evangile : ATTENTION ! Le texte que je vais lire n’est pas un reportage, c’est un enseignement. Ce n’est pas un texte enfantin, c’est une catéchèse d’adultes, ce n’est pas une belle histoire pour enfants, c’est pour les grands.

Vous savez que Saint Matthieu a écrit son évangile 40 ou 50 ans après la mort de Jésus. Il a eu le temps de réfléchir sur l’aveuglement de certains au temps de Jésus. Et, 40 ans après, il y en a qui n’ont pas encore évolué. En écrivant cette page, c’est sûrement à eux qu’il pense.

Il est bon de se souvenir aussi que Matthieu écrit son évangile pour des communautés chrétiennes issues du monde juif. Des groupes qui hésitent à accueillir les Grecs et les Romains qui se convertissent en grand nombre à l’Évangile de Jésus. Leur entrée dans les communautés n’est pas du goût de tout le monde. Certains se demandent si des hommes et des femmes qui ne pratiquent pas la Loi de Moïse peuvent devenir chrétiens. C’est pour répondre à cette question que Matthieu fait ce récit de la visite des mages.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 2,1-12.
« Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem
et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui.
Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ.
Ils lui répondirent : « À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète :
‘Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël.’ »
Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ;
puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant.
Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie.
Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin. »

Homélie

Après la lecture de l’Evangile : On aurait pu s’attendre à voir arriver près de Jésus les prêtres, les lévites, les docteurs de la Loi, tous ces hommes de la religion. Et Matthieu nous dit que ce sont des hommes qui viennent de très loin, des païens, des étrangers, qui se risquent à chercher Dieu jusqu’à Bethléem pendant que ceux qui savent tout des Écritures restent à Jérusalem. C’est qu’il ne suffit pas de savoir, il faut bouger, comme les Mages.

Le message que Matthieu veut faire passer est message d’universalité. Il donne la réponse à la question : « Faut-il accueillir les païens dans les communautés chrétiennes ? » Oui ! Même que ce sont eux qui ont le mieux compris la nouveauté apportée par Jésus. En offrant l’or, ils le disent Roi, en offrant l’encens, ils le disent Dieu, en lui présentant la myrrhe (qui servait à embaumer les morts), ils annoncent déjà la mort de Jésus.

Épiphanie veut dire Manifestation. Dieu veut se manifester à tous les hommes sans exception. Ce message, comme celui d’Isaïe dans la 1ère lecture, nous enseigne que toute personne de bonne volonté, qui cherche sincèrement le bien, la justice et la paix, peut se reconnaître en ces trois Mages. Même message dans la seconde lecture où Saint Paul annonce que “les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile.”

Dieu appelle tous les hommes, les blancs, les jaunes, les noirs, les riches, les pauvres, les pécheurs et les saints. C’est la saison des VŒUX. Que nous soyons les messagers de cette Bonne Nouvelle : Dieu appelle et accueille tout le monde !

Lorsque les Mages arrivent à l’entrée de Jérusalem, l’étoile disparaît, ils posent alors une question capitale : “Où est le roi qui vient de naître ?”

- Où es-tu, Seigneur ? Les Mages t’ont trouvé sous les traits d’un enfant. Un VŒU : que nous te cherchions simplement parmi les plus faibles, chez ceux qui ont besoin d’amour.

- Où es-tu, Seigneur ? On se souvient qu’Élie t’avait trouvé non pas dans la tempête mais dans la brise. Un VŒU : Dieu se trouve dans le silence. Dans la prière qui est d’abord écoute.

- Où es-tu, Seigneur ? Les Mages t’ont trouvé à Bethléem qui signifie la maison du pain. Et là, ils t’ont trouvé réellement. Un VŒU : Que nous prenions le temps de te rencontrer réellement, nous aussi, dans le pain de la Parole et de l’Eucharistie.

Et puis il y a la dernière phrase du récit de Matthieu : après avoir rencontré Jésus, « les Mages regagnèrent leur pays par un autre chemin ». Un VŒU : Puissions-nous repartir en 2017 « par un autre chemin« . Tous ceux qui rencontrent le Christ sont voués à un autre chemin, arrachés à leur passé, à leur routine. Le chemin ouvert par Jésus est chaque jour nouveau.

Faut-il résumer le message d’aujourd’hui ? Saint Matthieu dirait à peu près ceci : “Etranger, d’où que tu viennes, Dieu est venu pour toi. Aucun obstacle ne peut venir de ta race, de ta culture, de ton origine religieuse, Dieu se propose à toi pourvu que tu le cherches.”

Robert Tireau, Prêtre du Diocèse de Rennes

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