Le Pape pourrait ouvrir la prêtrise aux hommes mariés
16 oct. 2017François convoque à Rome un synode spécial pour l’Amazonie qui pourrait rompre l’obligation actuelle du célibat sacerdotal.
RELIGION Le pape François a annoncé dimanche qu’il convoquait à Rome, en octobre 2019, un synode spécial pour l’Amazonie. Un synode est une assemblée d’évêques réunis autour du Souverain Pontife pour résoudre une question particulière. Un autre est prévu, sur les jeunes et les vocations en octobre 2018. En 2015, c’est un synode sur la famille qui avait revu l’accueil des divorcés remariés dans l’Église catholique. Le Pape a précisé le but de cette rencontre : «trouver de nouvelles voies pour l’évangélisation de cette portion du Peuple de Dieu, spécialement chez les Indigènes, souvent oubliés et sans perspectives d’un avenir serein, en raison notamment de la crise de la forêt amazonienne, un poumon d’une importance capitale pour notre planète ».
Un dossier très sensible
Mais derrière la dimension évangélisatrice, sociale et écologique, un dossier très sensible pourrait être débattu, voté et tranché lors de ce synode : celui de l’ordination d’hommes mariés au sacerdoce catholique. Pour l’heure, l’Église catholique la permet dans les Églises catholiques orientales, mais pas dans l’Église latine. Le célibat sacerdotal n’étant pas une question de dogme, mais de discipline ecclésiastique.
François, dans son message de dimanche, n’évoque pas ce thème, mais le célibat sacerdotal ne pourra échapper aux discussions. Pour deux raisons au moins. La première est que François a autorisé, en novembre 2014, la conférence des évêques brésiliens - dont dépend l’Amazonie - à lancer une commission d’études pour examiner la possibilité d’ordonner prêtres des catholiques mariés, choisis parmi des hommes mûrs ayant fait leurs preuves dans la vie familiale et paroissiale. Une expérience qui serait limitée aux régions plus reculées, où les prêtres ne peuvent se rendre qu’une à deux fois par an. Deux hommes poussent depuis longtemps cette idée. Mgr Erwin Kräutler, un missionnaire autrichien qui vient de prendre sa retraite d’évêque de Xingu en Amazonie, et le cardinal Claudio Hummes, 83 ans, ancien archevêque de Sao Paolo et ancien préfet de la Congrégation pour le clergé au Vatican. Ils ont échangé plusieurs fois avec François à ce propos. Il les encourage à travailler en ce sens.
La seconde raison est que François est personnellement d’accord avec cette évolution. S’il refuse de rompre l’obligation actuelle du célibat sacerdotal pour les prêtres, parce qu’elle n’est pas selon lui « une solution au problème des vocations», il estime que l’ordination d’hommes mariés et d’âge mûr, chrétiens profonds et engagés – on les appelle « viri probati » dans l’Église -, doit être maintenant envisagée là où il n’y a pas de prêtres, car, «sans eucharistie, il n’y a pas d’Église ». Interrogé précisément sur cette question dans l’hebdomadaire Die Zeit daté du 9 mars 2017, François répondait : «Oui, nous devons réfléchir pour savoir si les viri probati sont une possibilité. Nous devons ensuite déterminer quel rôle ils peuvent jouer, notamment dans les communautés éloignées. »
Jean-Marie GUENOIS
Le Figaro 16 octobre 2017