Méditation du dimanche 4 février 2018
31 janv. 2018Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (1, 29-39)
« En ce temps-là, aussitôt sortis de la synagogue de Capharnaüm, Jésus et ses disciples allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d’André.
Or, la belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la fièvre.
Aussitôt, on parla à Jésus de la malade. Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever.
La fièvre la quitta, et elle les servait.
Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons.
La ville entière se pressait à la porte. Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était.
Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait.
Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche. Ils le trouvent et lui disent : « Tout le monde te cherche. » Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. »
Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l’Évangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons. »
Méditation
L'évangéliste Marc relate à sa manière très sobre les débuts du ministère de Jésus, tout entier voués à l'annonce du Royaume de Dieu dont la proximité est exaltée par sa parole et son agir. Démarrage "en fanfare" où, tel un moteur à trois temps, se succèdent les séquences de sa relation au cercle des disciples tout juste ébauché, de sa relation intime au Père en retrait du tumulte, et de sa relation aux foules en attente de salut. Les quelques versets de ce jour en offrent un raccourci.
C'est de nuit, notons-le, que se pressent pour le moment les malades, les estropiés et les possédés en recherche de guérison. S'agit-il de ne pas attirer l'attention des autorités ? Rien ne le laisse penser ni, pour nous référer à l'idée d'une inscription des bonnes actions dans la lumière du jour et des mauvaises dans les ténèbres (Jean), que Jésus aurait opté pour la clandestinité ! Plus crédible est l'idée que ce détail nocturne affirme justement sa lutte et sa victoire sur les puissances des ténèbres, aux griffes desquelles il soustrait tous ces malheureux.
C'est aussi "de nuit", souvent la nuit temporelle, mais surtout la nuit des drames, des passages à l'acte délétères, des marginalités déshumanisantes, que se situe l'intervention des sapeurs-pompiers, des services de secours, des policiers et des gendarmes. Les "foules" dont ils sont chargés de s'occuper ont aussi la multiplicité des visages défigurés par la souffrance ou par le mal. Ils ne sont pas à proprement parler des "disciples", tant leur action est encadrée et en risque permanent d'être privée de sens à leurs yeux. Quant à leur retrait du tumulte et des noirceurs de la société, il a le plus souvent les traits d'un refuge ô combien légitime dans le havre familial ou le divertissement. Et c'est la moindre des choses, lorsque nous les voyons tant exposés au risque de basculer à leur tour dans la "foule des souffrants".
Etre policier et chrétien semble de moins en moins évident, face aux défis et aux pesanteurs de notre époque. Est-il encore possible de prendre le temps, comme les disciples, d'un dialogue entre policiers (même si pour certains le Christ n'y est pas forcément invité), telle une parenthèse où s'abaissent les barrières hiérarchiques ou les compétitions parfois malsaines entre collègues, un dialogue libre destiné à valoriser ce qui fortifie en interne les solidarités, ce qui en externe recrée du sens, de la confiance et de la détermination dans la conduite des missions ? Une telle démarche exempte de toute notion de contrôle ou de primauté vaut bien la prière fervente des chrétiens sachant déjà le Christ vainqueur de toutes les ténèbres.
Jean-Marie CACCAVELLI
Vice-Président de « Police et Humanisme »