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Depuis deux mois, un vent de liberté souffle sur les pays arabes. Des peuples se soulèvent, d’une manière qui nous étonne, et qui les étonne eux-mêmes. Ils se découvrent citoyens, en lutte pour la liberté et la démocratie. Ils ont pris conscience que cette citoyenneté est possible pour eux et leurs pays. Maintenant ils savent qu’ils y ont droit, à l’instar d’autres peuples. C’est leur fierté. Ils sentent même qu’ils vont pouvoir inventer leur propre façon de vivre la citoyenneté et la démocratie.

Bien sûr, cela demandera du temps, du courage et de l’obstination. Il y aura sans doute des lendemains qui déchantent, des difficultés économiques, sociales et politiques, et peut-être encore des massacres. Mais ces peuples ne se laisseront pas déposséder facilement de la victoire remportée sur eux-mêmes, sur la peur, sur les armes et sur la fatalité des dictatures.

Ces événements nous obligent à changer notre regard sur ces peuples et leur histoire. Evitons les comparaisons avec des événements de notre histoire qui risquent de nous empêcher de voir la nouveauté de ce qui survient.

Ces hommes et ces femmes - celles-ci ne sont pas les dernières dans la lutte pour la liberté - découvrent une nouvelle fraternité, fondée sur la citoyenneté, et qui donne aussi sa place à la religion. Mais justement, s’il y un constat à faire, c’est que pour certains jeunes la religion est en train de trouver une nouvelle place dans leur vie, comme la dimension spirituelle qui fonde cette fraternité. Si cela se confirmait, nous serions invités à un autre regard sur les musulmans et une autre analyse de l’Islam, et à donner une dimension nouvelle au dialogue entre chrétiens, musulmans et juifs. Le dialogue des religions pour favoriser des évolutions démocratiques sur notre planète ne va-t-il pas devenir un enjeu d’autant plus important, en faisant appel, comme le souligne Benoît XVI, à la raison et à la foi en Dieu ?

 

Dominique FONTAINE

 

Vicaire Général de la Mission de France

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