Des Palestiniens tentent de récupérer de la nourriture distribuée à Gaza, le 28 avril 2025. | MAHMOUD ISSA / ANADOLU VIA AFP

Des Palestiniens tentent de récupérer de la nourriture distribuée à Gaza, le 28 avril 2025. | MAHMOUD ISSA / ANADOLU VIA AFP

La Cour internationale de justice (CIJ) examine depuis ce lundi 28 avril le comportement d’Israël vis-à-vis de ses obligations humanitaires dans la bande de Gaza, alors que les Gazaouis sont privés d’aide depuis deux mois. La famine, déjà en cours à Gaza depuis des mois, s’aggrave. Voici cinq chiffres révélateurs de cette situation alarmante.

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L’audience qui s’est ouverte lundi 28 avril 2025 pour une semaine à La Haye (Pays-Bas) met une nouvelle fois en évidence les conditions alarmantes dans lesquelles survivent les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza. La Cour internationale de justice (CIJ) examine le comportement d’Israël vis-à-vis de ses obligations humanitaires, alors que le pays bloque depuis le 2 mars l’entrée d’aide humanitaire (nourriture, médicaments, couvertures, tentes…) dans ce petit territoire dévasté.

Depuis, les Nations unies décrivent « probablement la pire » crise humanitaire dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, en octobre 2023. Vendredi 25 avril, le Programme alimentaire mondial (Pam) de l’Onu a alerté sur l’épuisement des stocks de nourriture à l’intérieur du territoire coupé du monde. Voici cinq chiffres pour mesurer l’état de famine en cours à Gaza.

Au moins 91 % des Gazaouis souffrent déjà de malnutrition

Avant la guerre, la bande de Gaza importait 90 % de sa nourriture. Résultat, au début de l’été 2024, après huit mois de guerre, 15 % des Gazaouis se trouvaient déjà en état de famine. Soit la phase maximale de l’insécurité alimentaire signifiant des risques de décès, indiquait le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), l’analyse de référence au niveau international sur l’insécurité alimentaire, soutenue par l’Onu. Et 74 % des Gazaouis souffraient d’insécurité alimentaire aiguë, c’est-à-dire de malnutrition, selon les projections de l’IPC allant de juin à septembre.

Dans ses projections de novembre 2024 à avril 2025, l’IPC estimait que 91 % des Gazaouis souffraient de malnutrition et 16 % de famine. La totalité du territoire est placée en état d’urgence. Il doit désormais faire sans aide alimentaire, faisant craindre une situation encore plus grave.

116 000 tonnes d’assistance alimentaire en attente

Le Pam a annoncé que plus de 116 000 tonnes d’assistance alimentaire étaient entreposées à proximité des couloirs humanitaires, dans l’attente de pouvoir entrer dans le territoire. Soit « de quoi nourrir un million de personnes pendant quatre mois ». Sans blocage, le Pam est en capacité d’envoyer à Gaza environ 1 600 camions de nourriture, soit 30 200 tonnes chaque mois.

Plus largement, Gaza enregistrait chaque jour l’entrée de plusieurs dizaines de camions humanitaires en début d’année. Puis plusieurs centaines par jour avec l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, le 19 janvier. Cette nette augmentation de l’aide a été stoppée net le 2 mars.

25 boulangeries fermées, et bientôt aussi les cuisines solidaires

Le 25 avril, le Pam a déclaré avoir « épuisé tous ses stocks » dans le territoire palestinien. « Aujourd’hui, le Programme alimentaire mondial a livré ses derniers stocks alimentaires aux cuisines servant des repas chauds dans la bande de Gaza », a-t-il indiqué dans un communiqué. « Ces cuisines devraient être totalement à court de nourriture dans les prochains jours », a-t-il ajouté.

Devant ces cuisines communautaires, des Gazaouis se pressent pour faire remplir une casserole, un seau ou une bassine de riz, pois ou encore haricots.

« Il n’y a ni farine, ni pain, ni plus aucun moyen de nourrir mes enfants. On attend des heures sous un soleil brûlant ou parfois dans un froid glacial », a témoigné Aida Abu Rayala, une mère de 42 ans, auprès de l’AFP« Et parfois, après des heures d’attente, il n’y a plus rien quand mon tour arrive. »

Sa maison à Nuseirat a été détruite par une frappe israélienne, et la famille vit maintenant dans une tente de fortune en nylon. Un jour, elle a attendu trois heures en vain. « Je suis rentrée les mains vides. Mes enfants se sont mis à pleurer », relate-t-elle. « À cet instant précis, j’aurais préféré mourir plutôt que de les voir affamés encore une fois. »

Par ailleurs, le Pam a annoncé que les 25 boulangeries qu’elle soutenait à Gaza ont été contraintes de fermer le 31 mars, faute de farine de blé et d’huile de cuisson.

Les prix des denrées alimentaires en hausse jusqu’à 1 400 %

Toujours selon cette agence de l’Onu, les prix des denrées alimentaires ont grimpé jusqu’à 1 400 % par rapport à la période précédant le cessez-le-feu, rompu le 18 mars.

Ce dimanche 27 avril, le média anglais The Guardian détaillait certains prix : 8 dollars (environ 7 €) le kilo de tomates, soit quatre fois plus qu’il y a deux mois ; les prix du sucre ont été multipliés par sept et ceux de la farine par dix à quinze. La viande et les produits laitiers sont introuvables, ajoute The Guardian.

« Neuf Palestiniens sur dix » sans eau potable

À La Haye, ce lundi, Ammar Hijazi, représentant de l’État de Palestine auprès des organisations internationales, a annoncé que « neuf Palestiniens sur dix n’ont pas accès à l’eau potable ». « L’aide humanitaire est en train d’être utilisée comme une arme de guerre », a-t-il dénoncé devant les juges de la CIJ. Face à ces accusations, Israël dénonce « une persécution » et « une délégitimation systématiques d’Israël ».

Israël justifie ses frappes répétées contre Gaza par les attaques du mouvement palestinien Hamas en Israël, le 7 octobre 2023. Elles avaient fait 1 218 morts côté israélien, selon un décompte de l’Agence France-Presse (AFP) basé sur les chiffres officiels israéliens. Les représailles israéliennes ont fait au moins 52 000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé de Gaza.

L’État hébreu déclare depuis vouloir anéantir le Hamas, à la tête de la bande de Gaza, et récupérer les 58 derniers otages détenus à Gaza.

Ouest France

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