80 ans de mariage des parents et 106 ans de maman

Maman aurait eu 106 ans ce 3 février 2025

Nos parents se sont mariés le 4 février 1945 (il y a 80 ans)

Pour leur rendre hommage j’ai choisi de publier l’homélie que j’ai donnée le jour des funérailles de maman à l’église Saint Thomas de Privas (Ardèche) le 29 août 2005 ainsi que l’hommage pour papa à l'occasion des 103 ans de sa naissance :
(Maman avait choisi - pour la messe de ses funérailles l'Evangile des Béatitudes dans Saint Matthieu  (5, 1-12)

« Ce qui impressionnait le plus ceux qui rencontraient maman occasionnellement (jusqu’à son grand âge) c’était son rire. Un rire incroyable. Un rire en cascade à faire fondre le plus coincé des grands timides, le plus fermé des agents secrets. Son rire apprivoisait sa surprise et faisait place à la simplicité.
Ce qui a impressionné le plus les résidents du Foyer Logement de Lancelot, son dernier nid, c’est son sourire, son accueil, son moral incroyable au point de remonter le moral des autres alors qu’elle y a vécu le deuil de son mari et qu’elle venait de quitter et de vendre sa maison.
Maman était une « battante », d’une énergie incroyable. Sa maison était constamment ouverte aux autres et sa maison avait une « âme ». Nous ses enfants, nous l’avons écrit sur l’invitation aux Noces d’Or des parents le 4 Février 1995 (voila déjà 10 ans et 7 mois) : « Nous devons à nos parents la vie, le sens des autres et le goût du bonheur ».
Avec ce caractère très fort qui fait que papa disait toujours, et avec une quelque malice, alors qu’on lui proposait une invitation ou une rencontre « il faut voir ça avec mon gouvernement », maman a fait l’expérience de la conversion et même de l’abandon.
Elle qui rêvait d’indépendance et de voyages, elle a passé sa vie à tenir sa maison à élever ses enfants, à accueillir tous les « passants ». Dieu sait si cuisine, lessives, ménage, vaisselle et repassage ont occupé ses jours et même parfois ses nuits. Elle passait plusieurs heures à préparer un repas avalé en quelques minutes !
Combien de fois elle m’a confié : « c’est une mission ingrate où il n’y a guère de reconnaissance que celle de mère de famille à la maison ». Aujourd’hui pour tout cela, pour tout ce quotidien et pour cette énorme fidélité de tous les instants, pour sa gaieté, pour sa profondeur d’âme, pour son sérieux nous sommes venus ici lui dire MERCI.

Quand je lui ai demandé, il y a tout juste trois semaines quels ont été les plus grands bonheurs de sa vie elle n’a pas hésité à me répondre : mes quatre accouchements et la naissance de mes quatre enfants et les 14 années de retraite avec papa avant qu’il ne soit malade.
Je crois que ce qui domine dans la vie de maman, c’est sa foi.
Grâce à sa foi elle a fait bien des « conversions » :
- Conversion à l’attention aux petits et aux pauvres, alors qu’elle venait, comme elle le disait elle-même, d’un milieu bourgeois.
- Conversion aux tâches humbles et modestes alors que spontanément elle était portée vers la communication et la rencontre
Grâce à sa foi elle a appris à pardonner : c’est certainement là les moments les plus douloureux et difficiles de sa vie : accepter de s’effacer, de ne pas avoir le dernier mot…
Grâce à sa foi elle a appris à s’abandonner et même au soir de sa vie à progressivement « tout lâcher ». C’est certainement, pour nous qui l’avons accompagné jusqu’à son dernier souffle, ce qui nous a le plus impressionné. Elle s’est abandonnée au point qu’on ne sentait ni remord, ni révolte, ni regret.
Maman était « accroc » de la prière et de la communion fréquente. Prière et communion qui ont été pour elle un puissant soutien et un formidable réconfort.
Je crois qu’elle désire dans l’Eucharistie de ses funérailles une grande et belle communion.
Sa foi, j’en suis témoin (privilégié peut-être) était fondé sur ce roc : Le Christ Jésus et la Bonne Nouvelle de l’Evangile. C’est elle-même qui a choisi les textes de ses funérailles pour nous dire cette invitation au Bonheur qu’est l’Evangile : « Heureux les Pauvres, Heureux les Doux, Heureux les Miséricordieux… » et puis ce message de Saint Paul : « l’Amour ne passera jamais ».
Si elle s’est battue et débattue devant le mal et la souffrance, si la vie ne l’a pas épargnée, maman, grâce à la foi, grâce à l’amour a connu le plus grand des bonheurs : « Il n’y a pas de plus grand Amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ».

Lien à la Source

Voici l’hommage de papa que j’ai publié le 15 octobre 2022

« Il nous a quittés le 20 juin 2001, il y a 21 ans, le dernier jour du printemps comme pour nous dire qu’il a fait le choix de la jeunesse et que sa jeunesse est éternelle !
Il aimait particulièrement le rugby qu’il a pratiqué comme joueur puis comme dirigeant. Il a commencé à travailler à 14 ans dans une imprimerie à la suite de sa réussite au certificat d’études. Il a terminé sa carrière en 1979 alors qu’il était directeur de l’hôpital de Privas en Ardèche. Une carrière incroyable, qui serait totalement impossible aujourd’hui. Il s’est marié le 4 février 1945 avec Andrée Ferlat qu’il a connue à la jeunesse ouvrière chrétienne.
Ils ont eu quatre enfants : Marie, Denis, Paul et Jean.
Encore aujourd’hui son absence nous fait : nous sommes amputés d’une partie de nous-même. Mais il nous accompagne chaque jour !  C’est lui qui nous montré le chemin de l’attention aux petits et aux pauvres. C’est lui qui nous a appris à ne pas juger, à accueillir, à respecter. Il était d’une grande sensibilité. Il s’engageait pour les sans-abris, les exclus, les mal-logés. Il vivait une foi profonde : mélange de la « foi du charbonnier » et de sa formation (dans l’Action Catholique) qui l’invitait aux actes.
Il s’est battu pour vivre et faire vivre sa famille, pour donner du sens à la vie pendant et après la guerre de 39-45, la période la plus « noire » de notre histoire !
Il n’a pas connu son père emporté trop tôt par la maladie. Sa maman a repris la responsabilité de contremaitre du moulinage de soie de son mari à Lapte (Haute Loire). Elle n’a guère pu s’occuper de son petit dernier qui a été élevé par Denise (ma marraine) sa sœur aînée restée à la maison, qui est devenue sa deuxième maman et dont le décès dans les années 80 l’a profondément « ébranlé ». Les dernières années que j’ai partagées avec lui il m’a beaucoup interrogé sur ce qui allait se passer après sa mort. Il me disait sous forme de galéjade : « est-ce que je pourrais aller à la pêche, jouer à la belotte, jouer à la pétanque ? »
Isidore n’était pas un « bavard ». Il communiquait par un regard, une caresse, une colère. Il était « tout en actes » : amoureux, tendre et « contemplatif » !
Il ne nous a laissés ni or ni argent, mais il nous a montrés le chemin de l’amour, de la foi, de la solidarité et de la justice. Ce qu’il nous a transmis, c’est ce qui est « ma raison de vivre aujourd’hui », ce que je transmets à mon tour à mes proches, à mes enfants « de cœur » !
Il se contentait de peu. Il partageait tout. Il a gardé jusqu’à la fin ses beaux-parents à la maison.
Pendant des mois il allait arroser le jardin d’une mamie à 5h du matin avant de se rendre au travail ! Avec les quelques sous qu’il avait pu gagner il nous a emmenés quelques jours en vacances à Annecy, au Mont blanc, dans le massif du Pelvoux, à Marseille. (à 7 personnes dans une 403 Peugeot avec la grand-mère, le réchaud et la cocotte-minute !) »

Lien à la Source

Denis Chautard

 

 

Retour à l'accueil