Les Bergers, premiers destinataires de la « Joie de Noël » !
20 déc. 2013
La joie simple des bergers (Van der Goes)
Évangile de Luc 2,1-14
« Or, pendant qu'ils étaient là, arrivèrent les jours où elle devait enfanter. Et elle mit au monde son fils premier-né; elle l'emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n'y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Dans les environs se trouvaient des bergers qui passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L'ange du Seigneur s'approcha, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d'une grande crainte, mais l'ange leur dit: « Ne craignez pas, car voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple : Aujourd'hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur. Et voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l'ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant: «Gloire à Dieu au plus haut des deux, et paix sur la terre aux hommes qu'il aime. » Lorsque les anges eurent quitté les bergers pour le ciel, ceux-ci se disaient entre eux: «Allons jusqu'à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, et que le Seigneur nous a fait connaître. » Ils se hâtèrent d'y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. Après l'avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tout le monde s'étonnait de ce que racontaient les bergers. Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu'ils avaient entendu et vu selon ce qui leur avait été annoncé. »
Étonnante famille
D'abord les bergers. Il nous faut sortir du folklore de la fête de Noël. Pourquoi des bergers ? Pourquoi sont-ils les premiers destinataires de l'annonce de cette naissance ? Parce que c'est en cohérence avec ce qui vont être les choix du Christ. Les bergers sont de mauvais croyants, incapables par les exigences de leur travail d'accomplir les prescriptions juridiques de la loi religieuse. Le Christ dans sa vie publique n'aura de cesse de briser les exclusions, qui au nom d'une religion, mettent des gens hors-circuit de l'accès à Dieu. L'annonce aux bergers, est le signe annonciateur que pour Dieu, personne n'est exclu. Ils repartent en louant Dieu car ils ont découvert que l'amour de Dieu ne connait pas de barrière.
Ensuite une femme, Marie.Une femme qui prend soin de son enfant. Regardons-la. Elle nous montre que Dieu a besoin de nous, de nos soins, de notre attention. Cela aussi peut bousculer nos images. Habitués que nous sommes à vouloir que Dieu prenne soin de nous, ici, nous le voyons qui a besoin de nous pour prendre soin de Lui. C'est peut-être entrer dans une vie spirituelle adulte qui donne et se donne après avoir beaucoup reçu.
Enfin un bébé et, paradoxalement, c'est lui le sujet principal.Que peut-il nous apprendre, lui qui ne parle même pas ? Il nous enseigne un Dieu fragile dont on n'a absolument rien à craindre, et nous invite à nous abandonner en confiance comme lui s'est abandonné à nous. Verbe fait chair, Dieu mis au monde. Cela bouleverse nos images de Dieu. Cela dit du neuf en Dieu, du jaillissement, du mouvement, alors que nous le voyons souvent du côté de l'immobilité. Fragilité en Dieu, petitesse, alors que nous le voyons du côté de la puissance et de la grandeur. Un enfant qui peut pleurer, qui a faim, qui boit le lait du sein de sa mère. Se laisser toucher par ça et sentir nos résistances à accueillir ce que Dieu donne à voir de lui. Il est couché dans une mangeoire. Etonnant cette insistance pour dire trois fois qu'il est couché dans une mangeoire ! Un endroit où l'on met la nourriture pour les animaux. Jésus dira un jour : « Prenez et mangez, ceci est Mon Corps livré pour vous. » Ce corps est déjà là pour être nourriture de vie.
Un dernier personnage. « Tout le monde. » Il devait donc y en avoir du monde à la crèche ! Et que fait ce « Tout le monde » ? Il s'étonnait de ce que disaient les bergers. S'étonner. Surtout ne jamais s'habituer à la nouveauté de l'Evangile. Maintenir vivant l'étonnement devant l'inouï de ce qui nous est donné à entendre, à voir.
Sœur Michèle JEUNET, religieuse du Cénacle
Témoignage Chrétien n° 3567 du 22 décembre 2013 page 4