Près de trois ans après le drame de Melilla, à la frontière entre le Maroc et l'enclave espagnole, lorsqu'une tentative de passage en force en Europe a conduit à la mort de dizaines de migrants, les routes migratoires se sont redessinées. Enquête de nos correspondantes.

C’est l’une des nombreuses tragédies de l’immigration clandestine aux frontières européennes. Mais c’est l’une des plus meurtrières, aux images particulièrement choquantes. C’était le 24 juin 2022 à Melilla. Des migrants frappés, écrasés contre une clôture, asphyxiés, puis repoussés par les forces de sécurité marocaines, à coups de matraques, de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc. 

Bilan officiel : 23 morts. Les violences ont démarré lorsque près de 2 000 migrants, majoritairement des Soudanais, ont tenté de franchir la frontière militarisée entre le Maroc et l'enclave espagnole de Melilla, sur la côte nord-africaine. Rapidement, les organisations de défense des droits humains contestent le bilan officiel. Amnesty International évoque jusqu'à 100 victimes et 76 disparus. 

Le Maroc et l'Espagne nient tout usage excessif de la force et accusent les migrants d’avoir provoqué les violences. Aucune enquête indépendante n’a jamais été menée – les deux pays ont rapidement classé l’affaire. Mais ce drame a eu un impact profond, non seulement sur ceux qui en ont été témoins, mais aussi sur les routes migratoires, à plus long terme. De plus en plus de migrants tentent aujourd’hui d’atteindre l’Europe, via une autre enclave espagnole, celle de Ceuta, plus à l’ouest, ou via les îles Canaries. 

 
Retour à l'accueil