Sur la route de Pâques
24 oct. 2006Homélie du Cinquième Dimanche de Carême
Saint Nicolas de Vernonnet
3 avril 2006
Il y a des jours, comme aujourd’hui où le métier de « prédicateur » est bien difficile. On se dit que l’on aurait mieux fait de rester au chaud sous la couette plutôt que de s’exposer à un évangile aussi difficile. Et pourtant l’Evangile de Jean s’il est un Evangile « théologique » est aussi un Evangile qui a des racines très anciennes, on dit même les racines les plus anciennes avec les épîtres de Saint Paul.
Nous montons à Jérusalem avec Jésus, la ville où il va subir son arrestation, son procès, sa passion et sa mort. Nous entrons avec lui dans ces moments douloureux et terribles où il est pris dans les filets du mal, de la haine et de la violence.
Longtemps les récits de
Le sentiment religieux naturel de l’homme naît avec l’homme lui-même : lorsqu’il prend conscience des dangers, des menaces qui pèsent sur lui : la souffrance, la violence, la maladie, et le pire de tous : la mort. Dieu est souvent un « bouche trou » de notre mal de vivre. Il vient combler les manques à la question du sens : tout ce que l’homme n’arrive pas à comprendre, à expliquer, il le remet entre les mains de la « divinité ».
Ce sentiment religieux fait partie de nous. Il est au départ rempli d’ambiguïtés, c’est bien normal.
Nous avons besoin de Dieu pour faire face à notre « misère humaine » ! La « révélation » au contraire nous conduit à une véritable « conversion », au sens que ce mot a au ski : retournement, changement total d’horizon, de perspective qui conduit à un changement complet de regard sur Dieu. Dieu n’a plus rien d’un « bouche trou ».
C’est ce qui se passe dans l’Evangile de Saint Jean aujourd’hui : Les grecs, qui ont été « interpellés » par les miracles de Jésus, par son autorité, par ses paroles très étonnantes demandent à Philippe et aux apôtres à « VOIR » Jésus. Et ce mot « VOIR » est d’une importance capitale dans l’Evangile de Saint Jean, comme d’ailleurs un autre mot : « CROIRE ».
Je fais un écart pour mieux faire comprendre la portée symbolique de ce mot. J’en choisis un autre qui a la même origine : VISA ». L’autorité qui donne un VISA aux étrangers qui désirent pénétrer sur leur territoire a pouvoir sur eux. De même qu’un chef de service ou un directeur montre qu’il a autorité sur ses salariés lorsqu’il a « visé » (c’est à dire qu’il a apposé son cachet et sa signature sur une note de service ou sur un document administratif). Regardez à la télévision, ou même dans les magasines ou sur Internet, le pouvoir des l’images.
Ces Grecs qui veulent « VOIR » Jésus veulent avoir « prise » sur lui. A travers lui, ils veulent avoir « prise » sur Dieu. C’est comparable au désir « religieux » primaire en chacun de nous. Nous avons besoin au départ d’un Dieu qui règle nos problèmes, qui nous permette de faire face à notre vie, pour calmer nos énormes angoisses devant la souffrance, l’injustice, la maladie, la mort.
Nous voulons « VOIR » Dieu, c’est à dire avoir « prise » sur lui. Or, rappelez-vous que pour les Hébreux, « VOIR » Dieu c’est MOURIR. Moïse n’est jamais entré dans la terre promise., lui qui a « VU » Dieu.
Aux Grecs qui demandent à le« VOIR », Jésus propose comme chemin de rencontre de Dieu le chemin « escarpé » de
Nous y revenons :
Si vous lisez l’Evangile de Saint Jean vous verrez que c’est tout le contraire : c’est un Evangile de Vie. « La gloire de Dieu, c’est l’Homme Vivant » (Saint Irénée).
Si les récits de
Nous faisons tous l’expérience de l’adversité, de la souffrance et du malheur. Nous connaissons tous des passions et des croix. Mais emprunter avec Jésus ce chemin de la confiance et du don de soi, de
« Il n’ y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jésus dans l’Evangile)
« La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant et
« Dieu ne peut que donner son amour, notre Dieu est tendresse… » (Frère Roger de Taizé).
Denis Chautard